Entretien avec l’illustratrice japonaise HifuMiyo

Rencontre avec Miyoko Ogawa aka HifuMiyo, illustratrice japonaise nouvelle recrue de l’équipe d’Agent002 qui nous en dit plus sur l’influence de sa vie en France sur son travail d’illustration.

 

SelfportraitHIFUMIYO

 

HifuMiyo, peux-tu revenir sur ton parcours, comment es-tu venue à l’illustration ?
Je suis née à Hiroshima en 1986. Depuis l’enfance je rêvais de me rendre à l’étranger. Mon père, qui voyageait beaucoup, revenait toujours de ses séjours en Europe ou en Amérique avec des histoires fascinantes.
À 15 ans mes parents m’ont laissé partir faire mes études à Kyoto, où j’ai rejoint quelques années plus tard l’Université municipale des Arts. J’y ai étudié les techniques manuelles et numériques de sérigraphie en quadrichromie.
Je suis ensuite partie en France afin de trouver ma voie en tant que graphiste. Mon rêve de vivre à l’étranger se réalisait enfin, mais je n’étais pas certaine de vraiment savoir ce que je voulais faire.

dessin france HifuMiyo

La vie d’une étrangère est parfois difficile. Il faut apprendre la langue, chercher un job, se mettre au rythme local, assimiler les différences culturelles, etc. J’aurais voulu pour ma part être intégrée tout de suite, sans passer par cette période d’apprentissage. J’ai cependant assez vite réalisé l’intérêt de ces décalages culturels. Cela peut sembler étrange, mais ces différences avec ma culture natale m’ont finalement aidée à conserver et à affirmer mon identité.
J’ai alors ressenti le besoin d’exprimer mes sentiments et mes expériences de la vie quotidienne en France. La question du medium se posait : Écrire un blog ? Faire des photos ? Non, tout ceci ne me disait rien du tout. Timidement, j’ai alors fait mes premières tentatives de dessin sur tablette graphique, juste pour voir… Pourquoi timidement ? Premièrement, je n’avais pas dessiné depuis ma période étudiante. Deuxièmement, et sans vouloir sous-estimer mes capacités, je connais beaucoup de gens plus doués techniquement en dessin. Je ne considérais donc pas au départ  l’illustration comme un projet professionnel, mais comme le meilleur moyen d’exprimer mon expérience de l’extranéité.
Finalement, j’ai pris goût à l’illustration. J’ai dessiné une série intitulée « Travelogue In France » grâce à laquelle j’ai été nominée pour le concours international de graphisme berlinois Young Illustrators Award 2014.
Depuis, je me consacre complètement à l’illustration.

Comment s’est manifestée cette influence de la vie en France sur ton travail ?
Comment je viens de l’expliquer, depuis que je me suis installé en France en 2010 ma vie au quotidien à fortement conditionné mon style graphique.
Les sources d’inspiration ont été multiples. J’ai été influencée à la fois par les gens et les objets, mais aussi par des scènes parfois très banales de cette vie quotidienne qui m’entoure. Ces détails qui sont pour moi l’essence de la vie française sont ce qui m’inspire le plus.

dessin d'un jeune hippy en france

En quoi la culture visuelle qui t’entoure en France est-elle différente de celle que tu as connue au Japon ?
La société japonaise est submergée d’images, d’affiches, de signes graphiques et visuels. Des posters aux panneaux électroniques géants en passant par les publicités omniprésentes, l’univers visuel est saturé. Pour un artiste graphique c’est un environnement unique et intéressant, mais je crains parfois que cette modernisation de l’archipel se fasse trop rapidement et de manière incontrôlée.
En France l’univers graphique est plus discret.

illustration d'un groupe à une terrasse de café

Pour revenir à tes illustrations, comment décrirais-tu ton style ?
C’est très difficile à dire. Je réalise mes illustrations en numérique, mais dans un style fortement influencé par ma formation de travail artisanal en sérigraphie. Je souhaite exprimer avec une certaine douceur des sujets pas pour autant édulcorés. En d’autres termes, je pourrais dire que mon style d’illustration est « nostalgique mais aussi moderne ».

processus de travail de l'artiste japonaise HifuMiyo

Peux-tu nous en dire davantage sur ton processus de travail ?
Lorsque je travaille sur une nouvelle image, je commence par le crayonné. Je peux dessiner ce crayonné sur une feuille ou directement sur ma tablette graphique. Vient ensuite l’étape de la mise en couleur que j’effectue uniquement à l’aide de  Photoshop. Pour cette colorisation j’utilise des pinceaux que j’ai installés ou que j’ai parfois moi-même créés.

scène de vie dans un marché français

Sur quoi travailles-tu en ce moment ?
Je travaille sur un projet de communication visuelle d’une marque de vêtements française. Il s’agit d’un client pour lequel j’ai déjà travaillé et qui m’intègre dans ce projet en tant qu’illustratrice. Je serai en charge de la charte couleur de la marque, du graphisme, de l’identité visuelle, etc. En ce qui me concerne, je suis bien entendu ravie d’apporter mon point de vue. J’apprécie le fait qu’ils aient choisi une japonaise pour élargir et enrichir la définition de « l’esprit français » de la marque.

dessin d'un père avec son fils sur un vélo

Plus d’images d’HifuMiyo.

ALINE ZALKO présente « 1977 » à la galerie Michel Lagarde

Entretien avec Aline Zalko qui revient pour nous sur son parcours et nous présente « 1977 », sa nouvelle exposition solo présentée à la galerie Michel Lagarde.

aline zalko 1977

Peux-tu revenir pour nous sur ton parcours artistique ?
Je suis née à Paris et c’est là que j’ai fait mes études aux Arts Déco. Lors d’un échange Erasmus à New York j’ai commencé à travailler pour le New York Times et le New York Times Book Review. Depuis mes dessins ont été publiés dans la presse (Le Figaro, Le Fooding, Feuilleton, etc.), et dans l’édition (Flammarion, Fayard).
Mon travail se compose aussi de dessins plus personnels exposés en 2014 à la Galerie Dérouillon, Paris, et au Salon de Montrouge en 2013.

portrait PAR ALINE ZALKO

Peux-tu nous présenter ton exposition solo à la galerie Michel Lagarde ?
Pour cette expo j’ai souhaité une ambiance années soixante-dix, une époque antérieure à ma naissance, très proche et datée à la fois. J’aime beaucoup l’atmosphère et les couleurs des films de série B, le mauvais goût en général et les jeunes égéries féminines à la fois proies des hommes et manipulatrices. Du coup les Pulps de ces années là et leurs couvertures énigmatiques ont été un bon point de départ pour mon travail. Je les ai ré interprétées en jouant sur leur côté sexiste et désuet amplifié par les titres, la typo, et les pliures d’usure. En écho à ces romans de gare à 50 cents j’ai réalisé une série de portraits de jeunes américains tels qu’on peut les voir dans les yearbooks (photos de classe). Je dessine essentiellement au crayon de couleur et au pastel.

exposition galerie michel lagarde

Quel est ton processus de travail et la technique que tu utilises lorsque tu réalises un nouveau dessin ?
Mon processus de travail… Je ne suis pas sûre d’en avoir un. Tout ce que je peux dire c’est que j’utilise le crayon de couleur principalement pour mes dessins, et un peu de pastel.
Quand il s’agit d’une commande, je vais faire des recherches sur le sujet, proposer des croquis et quand ils sont validés je me lance.

fake novel cover

Qu’est-ce qui t’attire dans le dessin de portrait ?
Ce qui m’attire dans les portraits, je ne sais pas. C’est vrai que j’aime beaucoup dessiner les visages, certainement parce que lorsque je commence un portrait je ne sais pas du tout à quoi il ressemblera à la fin. J’aime être surprise.

illustration exposition la galerie Michel Lagarde

Comment souhaites-tu faire évoluer ton travail au cours des années à venir ?
On verra bien. Les plus gros changements dans ma façon de dessiner ont été inattendus.

aline zalko illustration

Sur quoi travailles-tu actuellement ?
Sur une organisation plus pertinente des crayons de couleurs sur ma table de travail.

portrait aline zalko

Infos pratiques: Aline Zalko expose du 11 février au 27 mars 2015 à la galerie Michel Lagarde, 13 rue Bouchardon, Paris 10.
Plus d’images de Aline Zalko.

Rencontre avec JOHN JAY CABUAY

Installé à New York, le talentueux John Jay Cabuay revient pour nous sur sa formation artistique et son amour du dessin, mais aussi sur son goût pour la peinture à l’huile et pour les voyages.

john jay cabuay portrait

John Jay, peux-tu nous parler de ton parcours dans le monde de l’art, et nous dire comment tu es devenu un illustrateur ?
Aussi loin que remontent mes souvenirs, j’ai toujours aimé dessiné. Tout a débuté sous l’influence des mangas japonais et des bandes dessinées Marvel et DC que je collectionnais dans mon enfance. Dès la maternelle, nous essayions avec mes camarades de rejouer les scènes que nous avions vu à la TV la veille au soir. C’est à ce moment que j’ai découvert mon amour pour le dessin. Très jeune déjà je sentais au fond de moi que l’art jouerait un rôle important dans ma vie d’adulte. Je ne m’étais pas trompé.

paris illustration

Quelle place tient la mode dans ton travail actuel ?
Lorsque j’étais étudiant en art je me suis spécialisé dans l’illustration de mode, et je pense que cette formation se ressent aujourd’hui encore dans mon travail d’illustrateur. Les véritables illustrateurs de mode sont entraînés à travailler rapidement, afin de pouvoir dessiner les mannequins de manière juste et rapide. Nous apprenons à coordonner nos mains et nos yeux, et le dessin restera toujours au centre de mon travail d’illustrateur. Pour répondre plus précisément à ta question, j’intègre ces qualités acquises dans le dessin de mode à l’intérieur de mon travail d’illustrateur, qu’il s’agisse de réaliser un portrait, une oeuvre conceptuelle ou une image plus narrative. Ici aux États-Unis, on voit également naître un intérêt pour le dessin en direct durant des évènements . Par exemple sur la photo ci-dessous on peut me voir en République Dominicaine en train de dessiner lors d’un évènement chez Louis Vuitton. Peu à peu les choses prennent place et j’adore voyager pour dessiner en direct devant un public. C’est un peu comme une performance artistique.

dessin en public

Comment abordes-tu une nouvelle image ?
Il n’y a pas de méthode car c’est chaque fois différent. Parfois cela part d’une idée ou d’une inspiration, comme par exemple une personne que je viens de croiser, et d’autres fois c’est la musique que je suis en train d’écouter qui amène un état d’esprit ou une atmosphère particulière. Lorsque je crée une image pour mon portfolio, j’essaie de trouver une idée originale pour un dessin qui sera à la fois séduisant et malin. Lorsque je travaille sur une commande pour un client je débute toujours par une phase de recherche. Je m’efforce de réunir tous les éléments et je relis en boucle les instructions du directeur artistique, afin de bien m’en imprégner.

dessin anjelica huston

Y a t-il d’autres différences entre ton travail de commandes et tes images plus personnelles ?
Mon travail personnel est réalisé de manière assez traditionnelle. L’emploi des outils classiques est un échappatoire aux images commerciales. J’aime par exemple peindre des portraits à l’huile dès que j’en ai l’opportunité. C’est une activité calme et thérapeutique. Ceci dit je n’ai pas eu l’occasion d’en faire beaucoup ces derniers temps, car j’ai eu beaucoup de commandes d’illustrations. En ce qui concerne ces images de commande, elles sont dessinées à la main puis mises en couleur sur ordinateur. Les commandes s’enchaînent si vite que j’imagine mal débuter une peinture à l’huile et faire des retouches pendant la nuit.

illustration john jay cabuay

À défaut de pouvoir faire des peintures à l’huile, ton récent travail sur la couverture du New York Observer t’a t-il donné le goût de la typographie ?
Tout à fait ! Mon but est de devenir un illustrateur complet et de ne pas être enfermé dans un marché ou un style trop limité. Je vais donc faire davantage de lettrages dans le futur.

couverture new york observer

En ce qui concerne le futur proche, qu’attends-tu de 2015 ?
J’espère avoir beaucoup de commandes d’illustrations tout en continuant de voyager afin de dessiner durant des évènements.

dessin au bord de la mer

Plus d’images de John Jay Cabuay.

BO LUNDBERG un Zesto de Suède pour Renault

L’agence Marquetis a fait appel aux talents de Bo Lundberg afin d’illustrer l’ensemble de la campagne print et web du livret Zesto de RCI banque (groupe Renault). Entretien avec l’artiste qui nous en dit plus sur cette nouvelle série.

dessin groupe renault

Peux-tu nous présenter en quelques mots ta nouvelle série d’images pour RCI banque ?
Il s’agit d’une série de 10 images que j’ai réalisées pour le compte de l’agence Marquetis One. Les images seront dévoilées progressivement au cours de ce début d’année 2015. Je peux déjà vous dire que ces illustrations représentent quelque chose d’un peu spécial pour moi. En effet j’ai travaillé un style graphique un peu nouveau pour moi. En général j’utilise plutôt des silhouettes, mais cette fois il a fallu que je dessine des visages assez détaillés. Le résultat est plus réaliste que sur mes dessins habituels, même si je pense avoir maintenu le côté très graphique qui caractérise mon travail.

RCI banque bo lundberg

Qu’est-ce qui dans le cahier des charges t’a amené à faire évoluer ton style ?
Tout a débuté par quelques mots permettant de situer le concept général de la série et un brief plus précis sur une des images. J’ai également reçu un tableau de tendances avec plusieurs images accompagnées d’un texte explicatif. Ensuite tout s’est déroulé relativement vite. Sur la première image je suis resté en contact permanent avec les créatifs de l’agence qui m’ont aidé à définir ce style qui correspondait à leurs besoins. Une fois cette première image terminée, j’ai pu développer sur le reste de la série.

illustration bo lundberg

Peux-tu nous expliquer plus précisément la manière dont tu as travaillé sur ces images ?
Les images finales peuvent paraître simple, mais chacune d’entre elle a exigé beaucoup de travail. Dans la plupart des cas j’ai commencé par composer la scène en modélisant les personnages. Dans un deuxième temps je réalise des croquis aussi précis et détaillés que possible. Vient ensuite l’étape digitale au cours de laquelle je dessine tout sur le logiciel Adobe Illustrator. Il y a beaucoup d’étapes entre le croquis initial et l’image finale. J’ai montré chacune de ces étapes à l’agence à Paris et j’ai avancé vers l’étape suivante en tenant compte de leurs commentaires.

croquis bo lundberg rci banque

Sur quoi travailles-tu depuis que tu as terminé cette série pour RCI banque ?
Lorsque la commande du livret Zesto est arrivée, j’étais en train de travailler sur une super collaboration avec une grande marque de matériel électronique. Je vais par ailleurs bientôt débuter un travail pour une marque de camions, ainsi qu’une image pour la version allemande du magazine Elle.
Je dessine également un mur de 10 mètres de long pour un grand bureau à Stockholm. Ce mur sera composé de plusieurs sections présentant un mélange d’éléments abstraits et d’objets figuratifs. Le résultat sera en relief avec plusieurs couches superposées.
Une fois que j’aurai terminé tous ces projets, je vais probablement faire de nouvelles images et m’atteler à une série d’illustrations pour un livre de cuisine.
Plus d’images de Bo Lundberg.

MARIANNE RATIER pour La Comtesse du Barry

Marianne Ratier nous parle de ses images inspirées de toiles de Jouy du XVIIIème siècle pour La Comtesse du Barry.

dessin marianne ratier

Peux-tu nous décrire en quelques mots ton travail pour La Comtesse du Barry ?
La Comtesse du Barry est une épicerie fine fondée en 1908 et spécialisée dans les produits du terroir. Les Gens de l’Atelier -l’agence en charge du budget- m’a demandé de réaliser une toile de Jouy pour la marque. Il s’agissait de réaliser une toile à la manière de celles que l’on trouvait dans le Sud-Ouest de Paris au XVIIIème siècle, tout en m’inspirant de l’univers de La Comtesse du Barry. Le motif a ensuite été utilisé pour les packagings, PLV et catalogues.

marianne ratier contesse du bary

Quel était le cahier des charges pour cette série ?
La comtesse devait être un personnage d’époque, qui aime être aux fourneaux et s’occuper de ses oies, tout en étant dynamique et séduisante. Quant aux décors, le brief était d’insuffler de l’onirisme dans les scènes classiques de ce genre de motifs.

toile de jouy par marianne ratier

Comment s’est déroulé le processus de création de ces images ?
Pour le premier motif, nous avons été trois à proposer une image. Mon visuel était celui où la comtesse nourrit ses oies à l’ombre d’un artichaut géant. J’ai été sélectionnée et nous avons travaillé main dans la main avec le directeur artistique des Gens de l’Atelier afin que l’ensemble soit cohérent et réponde aux attentes du client.

illustration contesse du barry

Quels ont été tes inspirations pour ce travail ?
J’ai beaucoup regardé les toiles de Jouy de l’époque, et j’ai également revu le film de Sofia Coppola, Marie-Antoinette.

detail illustration canards

Sur quoi travailles-tu en ce moment ?
Je viens d’avoir un bébé, donc mon travail est un peu mis entre parenthèses pour le moment. Mais je reprends bientôt, avec pas mal de nouveaux projets en tête !

portrait contesse du bary

Plus d’images de Marianne Ratier.

dessin chasse au papillons

MISTER ED nous livre sa version du conte Boucles d’Or

Mister Ed nous parle de son travail sur le livre en version catalane de ce conte classique.

rinxols d'or

Comment en es-tu venu à travailler « Rinxols D’Or » ?
Mon travail sur Rinxols D’Or s’est fait assez rapidement. J’ai réalisé tous les dessins en seulement deux semaines, car à l’époque j’avais prévu de me rendre en Argentine. J’ai commencé par effectuer plusieurs croquis de recherche sur le personnage central de l’histoire. Évidemment cette recherche s’est axée sur la caractéristique principale de la jeune fille, à savoir ses boucles (Rinxols en Catalan).

mister-ed-rinxols-dor-2-nenas

Peu après, j’ai entamé mon travail de recherche sur les autres protagonistes. Comme très souvent, j’effectue ce premier travail à l’aide d’un seul et même outil : le feutre.

boucles d'or

Une fois que j’ai défini l’aspect général de tous les personnages de l’histoire, je peux commencer à travailler plus précisément sur les lignes.

conte mister ed

Enfin, je termine les images en travaillant les couleurs sur Photoshop.

boucles d'or en catalan

Comment as-tu apporté un regard frais sur ce conte classique ?
Disons que je me suis approché de ce travail en venant de très loin. Ce que je veux dire par là est que j’avais très peu de temps pour travailler sur ce projet, et je me suis donc concentré sur la relation à ma propre enfance, et en particulier les contes et les dessins animés qui m’enchantaient lorsque j’étais petit.
J’ai dessiné chaque image sans tenir compte de la dimension « classique » de l’histoire, mais plutôt en me remémorant les souvenirs que j’avais du conte.

rinxols d'or cataluna

Comment s’est passée la collaboration avec Tomàs Lluc (textes) et L’abadía de Monserrat (édition) ?
Je n’ai pas été en contact avec l’auteur. L’éditeur m’a livré le texte et j’ai pu travailler en totale liberté. Le seul moment où nous nous sommes consultés a était dans la création de l’image de couverture. Je suis venu avec plusieurs propositions, et finalement nous avons choisi celle qui s’accordait le mieux avec le reste de la collection, à savoir un gros plan sur le personnage principal.

livre pour enfants par mister ed

Quelles sont tes résolutions pour 2015 ?
Publier quelques-uns de mes (nombreux) projets de bande dessinée.

Sur quoi travailles-tu actuellement ?
Entre autres choses, je travaille en simultané sur plusieurs projets de bande dessinée (pour adultes), une petite animation, un livre pour enfants, des couvertures de livre (pour le marché espagnol), des BD mensuelles et ma collaboration avec Milan Presse.

Plus d’images de Mister Ed.

Entretien avec JOSÉ LOZANO

Rencontre avec l’illustrateur José Lozano qui revient sur son parcours atypique, et nous fait partager son goût pour les graphismes rétro.

personnages de l'illustrateur José Lozano

Pourrais-tu revenir pour nous sur ton parcours artistique hors du commun ?
J’ai débuté comme designer packaging et roughman après une formation d’un an en tant qu’illustrateur au CNA / CEFAG (le Campus de la Fonderie de l’Image à Bagnolet).
J’avais alors entamé une formation de gestion des entreprises que j’ai immédiatement abandonnée après avoir reçu l’admission au CNA. Cela a été une des décisions les plus faciles qui m’ait été donné de prendre.
Cette formation au CNA m’a permis de pouvoir jouer avec des aérographes, et surtout de réaliser le travail approfondi sur les couleurs que requiert cette activité.
J’avais également un nombre important de roughs et de pictogrammes à traiter. Je dessinais des plats en sauce, des fours micro-ondes, des gels WC multicolores et autres produits ménagers…
Ces deux premières années ont été à la fois les plus difficiles et les plus enrichissantes de ma carrière car bien entendu, j’avais tout à apprendre. J’ai eu la chance d’être dirigé par Yves Suty (le fondateur d’Artaq) qui s’est toujours montré d’un optimisme et d’une bienveillance à toute épreuve. Il rendait les choses faciles.
Après ces études, j’ai souhaité élargir mes compétences. Je me suis intéressé à la mise en page, au graphisme, à la typographie… Les ordinateurs donnaient l’impression que l’on pouvait s’essayer à tout. C’est donc ce que j’ai fait en passant par de nombreuses agences et en alternant exécution PAO et direction artistique. J’ai finalement pris mon indépendance en tant qu’illustrateur en 2007. C’était une décision logique, j’avais été formé pour cela.

illustration de José Lozano

Quel a été le déclic qui t’a conduit à suivre ces cours du soir en 2003 ?
Ma femme. Avant de la rencontrer, je ne m’intéressais quasiment plus qu’au matériel informatique. J’avais fini par confondre moyens techniques et créativité. Elle m’a doucement poussé vers les musées et les expos où je suis tombé amoureux de ce que je voyais. Il y avait là une force qui m’était devenue étrangère et les images glanées sur le net ne pouvaient en aucun cas rendre justice aux originaux. C’est ce qui m’a renvoyé vers les outils traditionnels, les crayons, les stylos, le papier et plus récemment la peinture. Mais j’étais rouillé. J’avais besoin d’un catalyseur que j’ai finalement trouvé aux cours du soir de l’ENSBA (École nationale supérieure des beaux-arts). Je l’ai fait sans objectif précis, mais simplement parce que je ressentais le besoin de le faire.

ville jose lozano

Quels ont été les changements pour toi depuis que tu as rejoint Agent002 en 2010 ?
On a fini par me prendre au sérieux en tant qu’illustrateur. Avant on me demandait souvent : « Mais sinon, à part ça, tu fais quoi comme travail ? »
J’ai maintenant des commandes régulières avec l’agence Babel, et d’autres semblent me demander plus souvent. Cette année en particulier, j’ai vu mes commandes augmenter de manière significative.

portrait des beatles en illustration

Qu’est-ce qui selon toi fait le charme de ces jeux vidéos des années 80 qui t’inspirent tant ?
J’ai toujours pensé que des moyens restreints obligeaient à décupler nos forces créatives. Et c’est exactement ça. Une résolution écran très pauvre, des processeurs et des mémoires faibles ont poussé les graphistes à une synthèse et à un minimalisme relevant de la poésie. Ce sont des sortes de haïkus graphiques. Peut-être que j’exagère, je ne sais pas.
Bien sûr, je n’exclus pas aussi une certaine nostalgie contre laquelle j’ai parfois du mal à lutter.

foule dessinée par José Lozano de l'agence Agent002

Avec quels outils travailles-tu ?
Avec Adobe Illustrator et une tablette A4 de chez Wacom, que ce soit pour finaliser les illustrations ou pour les roughs.

Peux-tu décrire en quelques mots ton processus de travail sur une nouvelle commande ?
C’est très classique. Je mets à profit mon expérience de DA et traite le sujet comme si je devais le confier à un illustrateur qui ne serait pas moi. Je lis le brief et laisse la nuit porter conseil, avant de griffonner quelques croquis le lendemain ou le surlendemain en fonction de ma réactivité et de ma compréhension. Je fais ensuite un tri dans les croquis pour ne garder que ce qui me semble viable. À partir de cette matière première je réalise des roughs (parfois des assemblages entre différents croquis) un peu plus lisibles et enrichis d’annotations à l’attention du DA (maximum deux pour ne pas se disperser). Ensuite c’est la réalisation, l’illustration à partir du rough qui aura été validé par le client. Il arrive aussi que le DA m’envoie le rough en guise de brief, auquel cas je n’ai plus que l’illustration à réaliser.

illustration d'un robot

Sur quoi travailles-tu en ce moment ?
Sur une série d’illustrations personnelles que j’ai imaginée lors de mes dernières vacances. Les voyages m’apportent toujours matière à réaliser de nouveaux visuels, sans toutefois lier ces images aux endroits dans lesquels je me suis trouvé. Elles auront d’ailleurs un aspect plus proche de mes illustrations commerciales que de visions oniriques.
Je travaille également sur un nouveau type d’images dans lesquelles, pour la première fois, j’essaierai de combiner des techniques mixtes.
J’ai aussi un atelier depuis fin 2013 où, parallèlement à mon activité d’illustrateur, j’essaye de faire avancer ma peinture.

dessin d'un aéroport dans un graphisme rétro

Quelles sont tes résolutions pour 2015 ?
Devenir (enfin) un joueur de tennis décent et lever le pied sur les féculents. L’un n’allant pas sans l’autre.

Plus d’images de José Lozano.

dessin rétro dans le style des jeux vidéo des années 80